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Orge et Yvette pour Ségolène
22 février 2007

Politique fiction : si le candidat du centre avait un programme...

C’est un lieu commun de le dire, même si personne ne semble s’en offusquer : le candidat de l’UDF n’a pas véritablement de programme.

Son projet, c’est de faire travailler ensemble les « hommes de bonne volonté ». Projet louable, d’inspiration chrétienne comme il sied à ce chrétien social, et qui répond à une aspiration profonde des Français à l’unité nationale, au refus du manichéisme… Fort bien !

Sauf que cela ne fait pas un programme…

Et si le candidat du centre n’a pas de programme, n’y voyez de sa part ni paresse, ni manque de courage ou d’imagination. C’est tout simplement qu’il ne peut y avoir de programme présidentiel sans majorité parlementaire pour l’appliquer.

Livrons-nous à un exercice de politique fiction. Notre homme vient d’être élu président. Nous sommes à la veille des législatives. Que peut-il faire ?

Va-t-il s’entendre en catastrophe avec le PS ? Sur quelles bases ? Appliquera-t-il le pacte présidentiel en échange de quelques concessions, par exemple un coup de pouce à sa chère école libre, ou encore l’acceptation de son idée farfelue d’interdire le déficit budgétaire dans la constitution ? Un pays, dans l’Europe d’après guerre, a eu un budget en excédent pendant des décennies consécutives : c’est le Portugal de Salazar. Ses réserves de change étaient au plus haut quand le vieux dictateur a quitté ce monde. Mais le Portugal était le pays le plus pauvre d’Europe…

Non, sérieusement, imagine-t-on le PS remettre son Pacte Présidentiel dans la poche en échange de quelques portefeuilles ? Toute considération éthique mise à part, ce serait un suicide politique ! La France n’est pas l’Italie de Prodi ni l’Allemagne de Merkel. Tout ce que le candidat du centre peut espérer, c’est de débaucher quelques personnalités de gauche pour les intégrer dans son gouvernement, comme Rocard l’avait fait en sens inverse en prenant pour ministre un Olivier Stirn ou un… Jean-Pierre Soisson.

Alors, que pourra-t-il faire ?

Conclure in extremis un accord avec l’UMP ? Sachant le caractère quelque peu autocratique du président de ce mouvement, cet accord avec l’UMP ressemblerait fort à une capitulation en rase campagne. Car si, dans cette fiction, notre centriste détient l’Elysée, son adversaire de droite détient la télécommande des sièges des députés UDF : sans soutien UMP, pas ou très peu d’élus UDF. Résultat : l’homme de la troisième force n’aura été élu que pour appliquer une variante à peine édulcorée du programme de l’UMP, sans doute fort éloignée du catholicisme social de ses rêves.

Reste une troisième hypothèse : ne conclure aucun accord avant le résultat des législatives. Ce serait un hara kiri politique. Ne voulant pas être mis hors jeu, la plupart des députés UDF suivraient à retardement l’exemple d’André Santini, en proclamant leur attachement à la droite. Le chef de l’UDF serait alors contraint de suivre ses troupes : abdiquant d’entrée de jeu son autorité, il se présenterait alors comme un président du conseil de la quatrième république, otage de sa propre majorité éphémère.

Dans tous les cas, le résultat pour les Français serait à peu près le même : le candidat du centre aurait été élu pour appliquer le programme de la droite, à quelques nuances près… Au mieux, nous aurions droit à un programme de droite molle, bien insuffisant pour réparer le tissu social mis en lambeaux par un quinquennat de droite dure.

Reste que notre homme a raison de vouloir transcender les clivages stériles, de vouloir faire travailler les Français ensemble dans une sorte de grand sursaut national. Mais ce sursaut ne peut être exclusivement politicien !

La vraie façon de remettre la France sur les rails, c’est de faire en sorte que la France qui travaille (salariés et entrepreneurs) et celle qui voudrait bien travailler puissent agir de concert, sans arrière-pensée, en sachant que les efforts et les avantages seront équitablement partagés. Et surtout, que l’Etat mettra tout en œuvre pour que les chances, au départ de la vie, soient moins cruellement inégales qu’aujourd’hui.

C’est là le sens profond du Pacte Présidentiel, qui vaut mille fois mieux que tous les accords d’arrière boutique entre politiciens de droite et de gauche !

dahu_plan2

Dahu : faire marcher d'un même pas la droite et la gauche, est-ce bien raisonnable ? (image tirée du site krassland.free.fr)

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Commentaires
G
Le ministre - président de l'UMP est le candidat sortant d'une droite dont le bilan est calamiteux - y compris dans des domaines où la droite est réputée, bien à tort, faire mieux que la gauche : dette record, déficit record, lanterne rouge de la croissance en Europe (hormis le Portugal), emploi qui ne décolle pas malgré les trucages statistiques et le départ à la retraite des baby boomers, violences qui explosent... Cela, sans parler du bilan social de ces gouvernements auxquels il a participé. S'il réussissait à se faire élire malgré cela, cela voudrait dire que le bourrage de crâne médiatique est l'arme absolue. Mais les Français ne sont pas les veaux que la droite imagine.
C
Ségolène en route pour l’Elysée.<br /> Après avoir anticipé le choix de Ségolène Royal par le parti socialiste, l’auteur anticipe la victoire de celle-ci sur Nicolas Sarkozy à partir de leurs personnalités, de leurs comportements et de l’image qu’ils véhiculent auprès des français. Une façon pertinente de regarder les mécanismes qui conduisent les choix des électeurs dans un monde qui change plus vite qu’on ne le pense. <br /> « Pourquoi Ségolène battra Nicolas », Editions Amalthée, auteur « Choz », 9 euros à la fnac, alapage.com, et librairies. A lire.
Orge et Yvette pour Ségolène
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