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Orge et Yvette pour Ségolène
21 mars 2007

Tranche de vie : les chiens de garde du ministre

Cela faisait un peu plus d’une semaine qu’il y avait quelque chose dans l’air. Indéfinissable comme un lointain relent de station d’épuration. Des voitures de police ou de gendarmerie sillonnaient la grand’rue de notre petite banlieue bobo aux allures de village. Des affiches fleurissaient à la gloire de la députée locale, UMP, et du candidat qu’elle soutient, dressé sur ses ergots, avec son air un tantinet arrogant et quand même un peu étonné d’être arrivé si haut. Elles fleurissaient sur nos murs comme la mauvaise herbe, à une allure telle qu’elles n’avaient pas le temps d’être vandalisées par les jeunes du quartier avant que nous les recouvrions du sourire bienveillant de notre candidate. Il faut dire que nous sommes des rapides…

Et puis, il y a eu des tracts et on a su : il allait venir dans la salle d’entraînement de nos volleyeuses, à deux pas de chez nous. Une nuisance à subir au nom de la liberté d’expression républicaine !

Que faisaient les voitures de police ? Elles surveillaient, allant jusqu’à demander à une camarade de qui étaient les tracts qu’elle distribuait, puis à lui demander ses papiers et à la prendre en photo sur sa réponse peu amène à l’égard du candidat – ministre de l’intérieur. La voilà fichée pour plus tard. Au cas où.

C’est ce qu’on appelle « l’impartialité de l’Etat » !

Notre maire « apolitique » (euphémisme habituel pour désigner le centre droit) avait annoncé qu’il se rendrait à ce meeting par courtoisie, pour accueillir le candidat – ministre, mais qu’il en ferait autant si Ségolène venait parmi nous. Promesse qui n’engage à rien puisqu’il a été dit qu’elle ne se rendrait pas à Villebon. Trop de banlieues à visiter, et de bien plus « chaudes » que la nôtre. De celles où le ministre n’ose pas aller…

Et puis le jour de gloire est arrivé. Alternance de brèves éclaircies et de tempêtes de grêle, à l’image des chiffres du chômage ou de l’insécurité. En milieu d’après-midi, toute la police est déployée et les cars se suivent à la queue leu leu, apportant leur ration de jeunes des foyers du troisième âge.

Une voiture de police s’approche de nous alors que nous sommes en train de recouvrir une affiche au slogan inquiétant : « Tout devient possible »… et surtout le pire.

Bref échange :

- Vous veillez sur les affiches d’un candidat ? Voilà qui devrait intéresser le Canard enchaîné !

- Pas du tout. Nous sommes de gauche.

Et si c’était vrai ? Ils s’éloignent après nous avoir souhaité bonne journée… et relevé le matricule de la voiture. L’Etat policier devra attendre après les élections ! Enfin, seulement s'il gagne...

Pendant ce temps-là, d’autres camarades s’égaillent le long de la N 20. Moins chanceux que nous, ils doivent affronter les occupants patibulaires de trois voitures. Va-t-on assister à une bagarre de colleurs d’affiches dans la grande tradition ? Le physique imposant des jeunes hockeyeurs qui accompagnent la camarade suffit à calmer les ardeurs.

Un peu plus tard, sous les yeux éberlués des passagers des cars coincés dans l’embouteillage, nous entreprenons d’arracher des affiches solidement fixées sur… des poubelles. En même temps, nous nous demandons s’il ne faudrait pas mieux les laisser là, à leur vraie place. Mais cela risquerait de perturber le tri sélectif, nos concitoyens ne sachant plus si le slogan « tout est possible » est une invite à mélanger les vieux Figaro avec les bouteilles de coca usagées.

Nous aurions aimé pouvoir en dire plus, raconter de l’intérieur des anecdotes croustillantes sur ce meeting et sa star improbable. Nous n’avons pas trouvé de volontaire pour y assister. Il aurait fallu offrir au moins une photo dédicacée de Ségolène en guise de dédommagement pour convaincre un camarade d’aller écouter ce ministre, au demeurant excellent acteur à ce qu’il paraît ! Mais ce sont les paroles de sa pièce qui ne nous vont pas. Elles font trop penser par moments à ces harangues de comptoir où des formules à l’emporte-pièce comme « les chômeurs c'est des feignants » ou « je suis pas raciste mais je dis qu'y yaka les renvoyer chez eux » reviennent en leitmotiv. Et où un prénom revient avec insistance : Jean-Marie.

Patron, s’il vous plait, ne nous remettez pas ça...

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