Tranche de vie : une heure dans la campagne de la candidate

En effervescence, le parc devant la mairie de Ris Orangis prend des allures de Croisette. Une nuée de micros capte les paroles d’un brun aux yeux bleus à l’air décidé : c’est le chanteur Cali, parrain de la campagne. Loin des micros, des groupes de militants réjouis se font la bise, se congratulent, échangent autocollants et derniers potins. Soudain, une rumeur : c’est elle ! Irruption du Renault Espace d’où jaillit la candidate, toujours pareille à elle-même, radieuse, tandis que les moins grands se mettent sur la pointe des pieds et que crépitent les appareils photos des professionnels et des amateurs. Enthousiasme, applaudissements, vivats. Déjà, la vieille mairie de style 18^ème l’a happée pour une conférence de presse express réservée à ceux qui ont la carte de journaliste. Le peuple socialiste attend son heure, se presse sous la grande tente blanche où Ségolène doit parler. Etre au plus près de l’estrade pour ne rien perdre. L’attente n’est pas longue. Un nouveau brouhaha, « Sé-go-lène pré-si-dente » scandé par des voix de stentors, précède l’arrivée tant attendue. J’écarquille les yeux, l’aperçois. Elle se fraie une voie vers l’estrade, dans la cohue, Jack est à ses côtés, en lieutenant fidèle.

Elle s’adresse à la jeunesse. Applaudissements, bravos. Bientôt tout le monde se bouscule sur l’estrade, veut être photographié à ses côtés, laissez passer les élus. L’estrade ressemble au métro aux heures de pointe, sauf que tout le monde est heureux d’être pour un temps embarqué dans le wagon de l’Histoire. Je voudrais bien photographier mon copain mais il y a trop de monde, du monde trop grand, trop remuant, partout, pas moyen de prendre cette satanée photo dont il aurait fait un tirage géant pour immortaliser la journée.

Un instant dans la vie de la candidate qui déjà s’engouffre vers son destin, poursuivie par la ruée des téléobjectifs et des supporters. Un dernier sourire avant de se rasseoir à l’arrière du Renault Espace. La voilà partie. On se rassemble, se dit à ce soir pour la réunion de section. On est entre nous. On est heureux.

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