Bravo la bravitude !
C’est mathématique, mon cher Wiener ! L’information est d’autant plus grande qu’elle est moins prévisible. Poussant ce principe à l’extrême, les médias d’aujourd’hui l’ont transformé en un corollaire : pour exister, il faut surprendre et pour surprendre il faut sortir des clous, ne serait-ce qu’à l’aide d’un néologisme.
Moi, ça ne me choque pas. La langue, après tout, se construit à coup de néologismes. S'ils sont conformes à l'esprit du français (comme le "courriel" des Québécois et contrairement au "mél" de nos académiciens), cela vaut mieux que d’emprunter tels quels à l’anglais des vocables dont, bien souvent, on n’a pas compris le sens.
Un marchand d’armes (oui, j’ai de drôles de fréquentations…) m’a raconté un jour que son entreprise avait du mal à exporter ses « drones » parce que « drone », emprunté à l’anglais, signifie chez nous un avion sans pilote bourré d'électronique alors qu’en version originale il ne désigne que des avions cibles.
La "bravitude" dont Ségolène a fait preuve tout au long de sa vie politique, ce n’est pas de la bravoure. Affronter les lignes ennemies la fleur au fusil demande de la bravoure. Mais accéder à la candidature PS sans le soutien d’un courant, affronter aujourd’hui la droite et demain les difficultés du pays sans se départir de son sourire va demander à Ségolène une bonne dose de "bravitude"… Heureusement, elle n’en manque pas.
(source du dessin : l'espresso, newsletter de Télérama)