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Orge et Yvette pour Ségolène
19 janvier 2007

Agriculture biologique : le débat continue

Le compte-rendu partiel et partial publié sur ce blog a fait réagir des participants. Nous retranscrivons ici leurs courriels.

Jean-Pierre :

« Voici trois remarques qu'il serait souhaitable d'introduire dans ce compte-rendu qui est, pour l'essentiel, fidèle au déroulement des débats.

1 - Il n'est pas bon de laisser penser que les avancées scientifiques ou techniques seraient à l'origine de tous nos maux ! L'augmentation de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire permet de fournir une nourriture saine et abondante à une grande  majorité de nos concitoyens. Présenter l'abandon des vaccins et le recours à l'homéopathie comme une panacée est irresponsable dans un projet socialiste.

2 - L'un des grands problèmes français est la désertification d'une grande partie du territoire (agricole) au détriment des grandes métropoles. C’est l'origine de nombreux problèmes de société que nous connaissons actuellement.

3 - Le rôle dominant de la grande distribution, qui contrôle désormais l'essentiel des filières alimentaires, allant du producteur (prix d'achat) au consommateur (prix de vente) a  été évoqué et doit être au centre des préoccupations d'un prochain gouvernement. C'est la clef de la plupart des problèmes actuels de l'agriculture : diversité et qualité des produits, réduction critique des emplois agricoles , non respect de l'environnement.

Ces remarques suscitent cette réaction de Frank-Olivier :

«  Je suis entièrement d'accord avec Jean-Pierre sur ses deux derniers points, mais absolument pas avec le premier.

L'augmentation de la productivité agricole n'a engendré que des catastrophes :

- Catastrophes sociales : désertification des campagnes, diminution terrible de la population agricole, nombre élevé de suicides chez des agriculteurs qui ne peuvent pas suivre et ne voient aucune avenir dans leur métier....

- Catastrophes écologiques: pollution des nappes et des rivières, dangerosité des produits utilisés, arasement des talus, arrachages des haies, baisse importante de la biodiversité...

- Catastrophes économiques : je suis farouchement pour la souveraineté alimentaire des pays. La nôtre est effective depuis le milieu des années 60. Depuis on produit des excédents subventionnés par nos impôts et qui inondent les marchés des pays du sud qui sont sous dépendance et ne peuvent mettre en place chez eux une agriculture vivrière qui fasse travailler les agriculteurs.

- Quand au côté sain des produits, j'ai suffisamment côtoyé le monde agricole et les industriels agro-alimentaires pour savoir qu'il n'y a plus grand chose de sain derrière ce que l'on trouve en supermarché. Je peux vous citer moult études disponibles sur le sujet. Par exemple, 60% des fruits et légumes européens présentent des traces non négligeables de résidus de produits toxiques. Jusqu'à 40 molécules différentes sur les pommes! On produit aujourd'hui en France de la viande à coup de soja OGM brésilien importé à grands frais, à coup d'émissions de CO2 et d'antibiotiques dans des élevages hors-sols qui ne savent plus où épandre leurs lisiers. Voir l’exemple de la Bretagne.

Nous n'avons pas encore parlé de l'irradiation des aliments, qui fait secrètement son chemin et qui sera le problème sanitaire de demain. Chaque chose en son temps, la lutte pour une agriculture plus respectueuse de l'environnement et des personnes qui la consomment me parait être notre préoccupation du jour.

(NDLR - A propos d’irradiation, avez-vous lu cet entrefilet dans le Nouvel Obs ? Selon l'American Center of Disease Control, le Polonium 210 serait à l'origine de 90% des cancers du poumon chez les fumeurs, les goudrons n'étant pour leur part pas mis en cause. Ce polonium dégagé par la fumée est dû à l’utilisation de phosphate de calcium dans les plants. Cette info est passée quasi inaperçue ! )

Jean-François revient sur la non vaccination des animaux, point apparemment le plus contesté du cahier des charges du bio. Frank-Olivier réagit à ce courriel…

JF : Un vaccin n'est pas un produit chimique de synthèse, mais le plus souvent un produit biologique, pour ne pas dire "bio" (virus inactivé).

FO : Certes, mais quel est le support qu'il utilise ? Quelles sont les doses utilisées ? Quid du problème des résistances, des souches virales mutantes (ex: H5N1) ?

JF : Si la majorité du cheptel n'était pas vaccinée (imaginons un monde où tout le monde serait en "bio"), les épidémies seraient sans doute plus importantes qu'actuellement.

FO : Non (cf. grippe aviaire, peste porcine...). Je pense que le bon sens de la nature nous dicte que lorsque nous mettons des animaux dans de bonnes conditions sanitaires, alimentaires, dans des espaces suffisants et adaptés à leur espèce, on peut se passer de tout ça. Les vaccins n'aident que l'agriculture industrielle à protéger ses dizaines de milliers de poulets en batterie à 10 au m2 contre la moindre affection qui emporterait tout le lot. C'est une chimère qui rassure les agriculteurs, enrichit les labos, et justifie le travail de tous les inactifs agricoles (2 pour 1 !)

JF : On peut faire la même remarque pour les traitements phytosanitaires : les "bio" sont pour l'instant plutôt préservés de la pression des maladies par le fait que leurs voisins "traitent".

FO : C’est faux et j'en ai des preuves personnelles : des doryphores sur des cultures de pommes de terre et sur nos plantes aromatiques.

JF : De plus, les années climatiquement favorables au développement des maladies peuvent induire de fortes baisses de production. Ceci pourrait donc conduire au retour des "bonnes" et "mauvaises" années, marquées par une importante irrégularité des rendements, ce qui n'est pas très bon pour la stabilité des marchés.

FO : C'est la loi du marché et nous avons les moyens et les connaissances aujourd'hui pour nous en prémunir ou nous couvrir de façon importante.

JF : Concernant la recherche agronomique, elle ne vise pas forcément à accroître le rendement, mais à permettre un rendement suffisant pour préserver les revenus de l'agriculteur tout en préservant l'environnement.

FO : Toujours plus de produits, toujours plus de  « bidouillages » génétiques, toujours plus de mécaniques au détriment du bon sens, de l'observation et de l'empirisme qui, pendant des siècles, a fait avancer cette science. De toutes façons, les revenus d'un agriculteur sont aujourd'hui dépendants entre 50 et 80% des aides communautaires. Il y a longtemps qu'ils ne vivent plus de leur travail et de leurs rendements.

JF : Le compte-rendu a omis le souci que j'ai vis à vis des productions agricoles "non alimentaires" comme les biocarburants, qui vont devenir fort lucratives et pour la production desquelles il sera tentant d'utiliser des techniques de production intensives, et donc peu respectueuses de l'environnement.

FO : Pour une fois, je suis 100% d’accord. C'est en effet un leurre et le bilan CO2 est très en défaveur de cette source d'énergie. J'ai aussi des preuves concernant la betterave distillée pour l'éthanol et dont aucun agriculteur ne veut fournir une usine flambant neuve du nord de la France car trop peu lucrative par rapport à l'industrie du sucre.

A suivre…

Dernière minute : la revue Tiers Monde organise jeudi 25 janvier à 17 heures un débat "OGM et développement agricole" à l'amphithéatre de l'IEDES (Institut d'Etude du Développement Economique et Social), 45bis avenue de la belle Gabrielle à Nogent-sur-Marne.

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