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Orge et Yvette pour Ségolène
30 juin 2008

La croissance selon Philippe Aghion

aghionProfesseur à Harvard, conseiller économique de Ségolène Royal, Philippe Aghion a animé le 24 juin dernier un débat organisé à Orsay par le Groupe Socialiste d’Entreprises « Enseignement Supérieur, Recherche, Innovation » du Plateau de Saclay. Le thème : la croissance, pour quoi faire, avec quelles solutions ? Un débat très animé avec un orateur passionné et parfois paradoxal, voire provoquant… Compte-rendu. 

Pourquoi faut-il libérer la croissance ? Nous en avons besoin pour financer nos retraites, notre système de santé, etc. Mais il faut produire autrement, avoir une croissance durable grâce à l’innovation (énergies renouvelables, etc.).

Les solutions proposées par l’orateur pour libérer la croissance s’appuient sur des études économétriques menées sans a priori avec les instruments statistiques sophistiqués dont on dispose aujourd’hui. Philippe Aghion avoue s’être fait piéger en participant à la commission Attali, dont les conclusions ont été totalement dénaturées et détournées par le gouvernement actuel (qui s’en étonnerait – NDLR).

Que disent ces études ? Jusqu’aux années 70, l’Europe avait une croissance plus forte que les Etats-Unis.

Depuis 1995, c’est le contraire.

Que s’est-il passé ?

La croissance européenne des trente glorieuses est une croissance de rattrapage.

La France a gardé les institutions correspondant à cette période :

-          Un système éducatif qui délaisse le supérieur.

-          Une faible mobilité des salariés.

-          Une concurrence limitée (c’est l’époque du « capitalisme monopoliste d’Etat).

-          Des subventions bancaires facilitées.

La mondialisation, avec la concurrence des pays émergents, nous impose de devenir une économie innovante. Mettre davantage d’argent ne suffit pas. Il faut des réformes structurelles pour changer l’université, l’entreprise et la politique (avec la démocratie participative).

La politique gouvernementale va à rebours de ce qu’il faut faire. Le paquet fiscal est un non-sens. Il faudrait employer ces 15 milliards par an à la sécurisation des parcours professionnels, à donner des compensations aux perdants de la libéralisation des marchés (exemple : les taxis) et à l’enseignement supérieur.

Il faut d’autres institutions.

-          Un système éducatif davantage tourné vers le supérieur (l’Europe y consacre 1,3% de son PNB contre 3% aux USA). Plus un Etat est avancé, plus sa croissance est tirée par l’enseignement supérieur. Les USA consacrent plus de 1000 $ par étudiant. La France pourrait gagner 0,3 points de croissance en dix ans si elle investissait autant que la Finlande dans le supérieur. La commission Attali disait qu’il fallait débourser 8,9 milliards d’euros. Le gouvernement a préféré consacré l’argent d’EDF à réduire la dette publique.

-          L’effet des universités sur la croissance est doublé si l’autonomie s’ajoute au financement accru. La Suisse, la Suède ont des universités très performantes bien que gratuites. Mais elles sont autonomes et l’on ne craint pas d’y évaluer et récompenser les performances des enseignants.

-          Des passerelles entre l’université et l’industrie.

-          Une R&D plus puissante (l’Europe y consacre 2,5% de son PNB contre 3% aux USA). Statistiquement, plus une industrie fait de R&D, plus elle est productive.

-          Davantage de capital risque.

-          Libérer la concurrence, qui stimule les entreprises performantes… et décourage les autres. C’est pourquoi il faut sécuriser les parcours professionnels.

-          Un marché du travail plus mobile. La réglementation du marché du travail s’oppose à la croissance. Mais il ne s’agit pas de déréglementer n’importe comment. Il faut une « flexisécurité ». L’offre de travail augmenterait si l’entreprise était plus agréable à vivre. La mobilité doit devenir une force de qualification.

-          Une refonte de l’impôt. Fusionner l’IRPP avec la CSG et faire le tout beaucoup plus progressif. Imposer davantage le patrimoine.

-          La démocratie participative. Elle sert à évaluer les politiques publiques et à exercer un contrôle par le bas. Elle donne la priorité au dialogue social avec des commissions de consensus regroupant experts, juristes, citoyens… La gauche doit redonner le pouvoir aux gens. Par exemple, la cour des comptes devrait être responsable devant le Parlement, les associations devraient pouvoir saisir le préfet, etc.

A long terme, la croissance dépend de la libéralisation du marché des produits, de l’éducation et de la recherche. A court terme, c’est la libéralisation des produits et l’offre de travail.

Il faut un changement de mentalités. Aujourd’hui, on se méfie des marchés, les employés sont maltraités et, faute de dialogue social, il y a méfiance réciproque entre employés et employeurs.

Nous devons construire une société qui donne priorité au dialogue.

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